Le Maroc sous le protectorat
- Au début du XXe sc., le Maroc s'endette de plus en plus envers l'Europe et particulièrement la France qui provoque par ailleurs des affrontements au niveau des frontières algéro-marocaines.
- L'acte d'Algésiras met le pays sous protection internationale en 1906 avant que la découverte de gisements de phosphates accroisse son intérêt.
- La mainmise sur le Maroc provoque des révoltes populaires dans le Nord, amenant la France à occuper Meknès, Fès et Rabat ; l'empereur allemand Guillaume II proteste alors en bombardant Agadir en 1911.
* En 1912, le sultan Abdelhafid signe le traité du protectorat (accord de Fès, alors capitale) qui divise le pays en zone française, espagnole au Rif, au Sahara et à Ifni, et internationale à Tanger.
* La France crée d'abord un grand besoin d'endettement qui tue peu à peu l'économie.
* Elle impose plusieurs réformes qui visent en premier lieu à affaiblir l'impact de l'islam dans le pays, notamment chez les populations berbérophones (Dahir berbère en 1930) et rurales, en supprimant ou en diminuant les lois de l'islam tout en leur substituant une justice à la française ou encore en l'accusant d'anti-démocratie.
* Il en résulte une assimilation de l'islam et des rites locaux, en grande partie païens, et de ce fait, un éloignement progressif des enseignements de l'islam et ce faisant, de la langue arabe.
* Les écoles musulmanes sont fermées ou laissées à l'abandon et les enfants sont majoritairement analphabètes.
* Les terres agricoles et habous (dont les gains sont réservés par leur propriétaire à un usage socio-islamique) sont réquisitionnées puis partagées entre les colons et les phosphates sont exploités par l'entremise de l'Office Chérifien de Phosphates.
* Et pour satisfaire aux besoins expansionnistes, l'infrastructure est modernisée et le pays est en chantier pour la première moitié du XXe sc.
* Le but du protectorat français est la création de deux classes sociales différenciées : bourgeoise mais soumise dans les villes avec peu d'impôts, appauvrie et révoltée mais analphabète dans les campagnes et le Sahara avec une lourde taxation.
* Pendant ce temps, les révoltes populaires, à petite ou grande échelle, ne cesseront pas.
* En 1912, sous la conduite de Hiba ben Maa Al Aïnayn, les tribus du Sahara se soulèvent, et leur lutte dure jusqu'en 1934.
* Au nord, les Rifains, conduits par Abdelkrim Elkhettabi, se révoltent contre les Espagnols dès 1921 avec la bataille d'Anoual ; cette "Guerre du Rif" est violente et acharnée mais les Français s'allient aux Espagnols pour la vaincre en 1926.
* Grâce à ces révoltes dans des milieux reculés et après la promulgation du Dahir berbère par la France, les citadins prennent conscience de la réalité de l'occupation.
* Ainsi, dès 1930, les intellectuels marocains et l'élite du pays, diplômés des établissements français ou de l'université Al Qarawiyyin à Fès, vont donner naissance à un mouvement de révolte parmi les populations urbaines, principalement les petits commerçants et les artisans.
* Mais la lutte est aussi politique ; en effet, dès 1927, le processus débute avec la parution d'une presse nationaliste en français uniquement, la presse arabe étant interdite.
* La même année, Mohamed V est intronisé à l'âge de 18 ans et apporte tout son soutien aux mouvements populaires.
* En 1934, Allal Al Fassi, Mohamed Ouazzani et Ahmed Balafrej fondent le parti de l'Action Marocaine, demandent à la France de respecter l'accord de Fès et présentent un plan de réformes globales : élections communales et régionales, chambres de commerce, libertés, égalité fiscale pour les paysans...
* Cependant le parti se scinde en 1937 en parti de l'Istiqlal et Mouvement Populaire, tous deux interdits et leurs dirigeants exilés, Al Fassi au Gabon et Ouazzani au Sahara.
* Les rangs des nationalistes grossissent et revendiquent l'indépendance et non plus seulement les réformes.
* Pendant la Seconde guerre mondiale, les Marocains combattent en Europe contre les promesses faites par les Alliés puis obtiennent le soutien américain lors de la conférence d'Anfa en 1943.
* Dès lors, le sultan Mohamed V affiche clairement son soutien au mouvement de lutte pour l'indépendance, toujours plus important.
* Le manifeste de l'indépendance est présenté au résident général le 11 janvier 1944, revendiquant une indépendance sans conditions et l'unité territoriale du Maroc.
* Puis le 9 avril 1947, Mohamed V prononce son discours historique de Tanger, exaltant le peuple à affermir sa résistance contre l'occupant.
* En 1951, la France incite Glaoui, le pacha de Marrakech, à se retourner contre le palais.
* Le conflit entre le sultan marocain et la France s'aggravant, Mohamed V est déposé le 20 août 1953 et exilé avec la famille royale en Corse puis à Madagascar, et le résidant général impose Ben Arafa ; c'est le début de la "révolution du roi et du peuple".